THE LETTER 14 (Autumn 1998) pages 27-38
‘Le Maître modem se fiche éperdument du savoir. De toute façon, le savoir est à son service. Il lui suffit que ça marche. Et plus le savoir (S2) veut se faire reconnaître comme savoir, plus il conforte (SI), le Maître. Ce qui explique la phobie institutionnelle…
Le praticien est fondé à divers titres d’intervenir dans le débat si aigu soulevé par notre conjoncture sociale et la subjectivité qui s’y forme. Dans cette conjecture, il est un élément essential: la référence générale au développement de la science dont le ‘discours’ semble faire autorité pour tous. Or, ce qui fait ses fondements, son universalité comme sa communicabilité tient essentiellement au rejet de toute question ontologique, de toute interrogation sur le sujet. Est-il envisageable qu’un discours qui étend son filet sur toute la planète, à la condition que nous venons de repeler, ne voie pas ces questions réapparaître ailleurs, sous forme de réponses étranges et déguisées? Ce n’est pas parce que l’on a appuyé sur le bon bouton, qu’il n’y a pas de réponses ailleurs due là où elles sont attendues, qui cachent leur nature de réponse.
C’est en tout cas ce que la psychanalyse enseigne, puisque c’est ce sujet éliminé de la Science (forclos, disait Lacan) dont elle a à traiter, quand il lui fait retour en ses plaintes et symptômes. Et, dès lors, ce que la psychanalyse aborde, c’est la vérité comme cause – cause de la souffrance – là où la Science en exclut le terme pour la réduire à l’opposition du vrai et du faux. En effet, si la vérité est contestable, c’est moins par défaut que par structure: elle concerne toujours un rapport à ¡’Autre dans lequel nous sommes tous pris. C’est-à-dire que l’une de ses moitiés git dans cet autre même, ce qui la rend impossible à dire toute. …